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Recuperation du Congo

5 décembre 2010

ELECTIONS EN RDC



Voici 5 ans que notre pays a connu ses dernières élections. Conformément à la constitution, l'heure approche pour le peuple de retourner aux urnes en vue d'élire les nouveaux dirigeants. Le moment est donc propice pour faire le bilan du mandat qui s’achève et de réfléchir sur le profil de celui sur qui doit reprendre le bâton de commandement.

Commençons d'abord par définir le  standard que tous les congolais voudraient de leurs dirigeants:

 

-Nul n'est contre l’idée pour la RDC d'avoir des dirigeants réellement élus et non imposés de l’extérieur à  la suite d'un hold up électoral. Ce doit être des personnes qui ont  intérêt à voir le pays fonctionner suivant les règles de la démocratie et non d'une parodie de démocratie. Les personnes chargées de conduire notre destinée, le Chef de l'Etat en tête, doivent être  capables de mettre en place des stratégies de développement à long terme et à prendre des mesures permettant de soulager rapidement la misère de la population.

 

Est-ce que le dernier mandat a répondu à ces critères?

 

1. Par rapport à la démocratie.

 

D’entrée de jeu, disons que les dernières élections étaient entachées de plein d’irrégularités. Déjà elles se sont organisées sans qu'aucun recensement n'ait été fait au préalable, donc en violation des accords de Sun City. En d'autres termes, nous sommes allés aux urnes sans vraiment savoir si c’était l'Est  ou l'Ouest qui  avait la plus grande proportion de la population ayant droit au vote. Dès lors, il ne peut donc pas être étonnant que les institutions issues d'une telle escroquerie n'aient rien fait pour promouvoir la démocratie.
Ce que nous avons vu pendant cet exercice, c’était un gouvernement occupé à  neutraliser l'opposition sous l’œil complice de la soi-disant communauté internationale. Les faits sont multiples: L'arrestation du Pasteur Kuthino et de Jean-Pierre Bemba, les massacres de militants de Bundu-dia-Kongo, les assassinats des militants des droits de l'homme (Chebeya, Armand Tungulu,...)

Par ailleurs, ce gouvernement se targue d'avoir rétabli la paix à l'Est du pays. Nous savons tous que la paix n'est pas totalement revenue. Il y a encore plusieurs groupes armés à l’œuvre de ce coté-là, même s'il est vrai que certaines zones ont retrouvé un semblant de paix. Mais là encore si   l’intensité de la guerre a diminué c'est justement parce que ceux qui nous faisaient la guerre ont atteint l'objectif pour lequel ils la faisaient. Ils ont maintenant le  contrôle total de notre pays et ont réussi à étouffer les possibles foyers de rébellion. Ne trouvez-vous pas curieux comme notre gouvernement s'est précipité d'harmoniser les relations avec le Rwanda sans prendre la peine de leur demander la moindre explication sur le désastre dans lequel ils nous ont plongés. Cela ne montre t-il pas clairement de quel coté nos dirigeants ont leurs intérêts?

Les quelques faits ainsi étayés ne sont nouveaux pour aucun compatriote et c'est justement là le nœud du problème. Nous avons décidé de fermer les yeux sur ce qui nous arrive et commençons même à sympathiser avec la médiocrité. Il n'est pas rare de rencontrer des compatriotes, surtout ceux qui ont de petites responsabilités au niveau du pays, qui disent que la   nationalité de nos dirigeants est aujourd'hui une question qui ne se pose plus. Or, s'il est vrai que nos dirigeants sont en fait des émissaires du Rwanda, nous devons tout faire pour changer cet état de choses car nous ne pouvons rien attendre de bon de ceux qui nous ont déjà prouvé jusqu’à que point ils nous détestent. "Si quelqu'un te trahit une fois, c'est sa faute. S'il te trahit deux fois, c'est ta faute", dit-on. Ceux qui nous gèrent aujourd'hui savent que si nous nous  prospérons, nous aurons la possibilité de nous venger un jour. Ne serait-ce que pour cela, nous ne devons en aucun cas compter sur eux pour nous aider à prospérer. En même temps, ils savent que nous aimons du superficiel et peuvent alors prendre un vilain plaisir
à nous endormir avec quelques réalisations trompe-l’œil. Mais comme nous allons le montrer ci-dessous les cinq chantiers ne sont qu'un slogan sonnant creux.

2. Par rapport  à  l’économie

 

La RDC est aujourd'hui le plus pauvre de la planète. Prenons quelques chiffres qui le montrent:

-Jusqu'en fin 2009, le PIB de la RDC était de 11.108 millions de $ tandis que le Chiffre d'affaires de Shell était de 278.188 millions de $. En d'autres termes, une seule compagnie (multinationale soit-elle), a produit 25 fois plus que notre pays dans son ensemble.(Source: Liste FMI 2008 en annexe & annual-review.shell.com/2009).
-Nos dépenses budgétaires, y compris celles financées par l'emprunt et la planche à billets, ne s’élevaient en 2008 qu'à  1.781.415.163.097 Fc soit moins de 2 milliards de dollars américains au taux moyen de cette année-là. (Voir le budget de la RDC pour 2009 en annexe)

-Toujours en 2008, notre PIB par habitant était de 185$,  avant dernier de la liste de 180 pays du monde. Le premier de la liste était le Luxembourg avec un PIB per capita de 113.044$. Ce même PIB était de 2952$ pour nos voisins du Congo-Brazza et de 863$ pour nos frères tchadiens. En  clair, le congolais moyen est aujourd'hui 16 fois plus pauvre que son voisin de l'autre rive du fleuve ou même 5 fois plus pauvre que le tchadien qui vit dans son désert.

 

Au vu de tels chiffres, un gouvernement responsable ne peut pas adopter une stratégie d’indifférence. Au contraire, il  devrait faire deux choses fondamentales:
-Assainir les  finances publiques en optimisant les recettes et en assurant une bonne affectation. Là où les recettes publiques sont bien allouées, on voit l'Etat jouer ne fut-ce que les rôles traditionnels qui lui sont reconnus(la paie régulière et consistante des agents de  l'Etat et par conséquent l’amélioration des services qu'ils ont en charge, y compris la formation et l'entretien d'une armée réellement nationale). Ce que nous avons vu jusqu'ici, c'est plutôt des individus qui s'enrichissent sur le dos de l'Etat et un gouvernement qui ne fait  rien pour vraiment mettre fin à la recréation.

-Chercher à relancer la production car la richesse ne vient que de la production. L'Etat devrait primordialement se soucier de réactiver les entreprises de production comme la Gecamines...C'est du devoir  de l'Etat de s'assurer que nos ressources naturelles, y compris le   pétrole, soient bien   exploitées et que l'Etat se retrouve dans toutes sortes de partenariats  qu'il signe...En plus, L'Etat doit créer un environnement favorisant les investissements privés tant nationaux qu’étrangers. L'agriculture vivrière comme celle d'exportation doivent aussi passer pour une activité prioritaire et c'est ici que ressort la nécessité pour l'Etat d'investir dans les routes, y  compris les routes de desserte  agricole. Ce serait aussi une bonne idée pour le gouvernement d'octroyer des crédits à des  éleveurs, à des agriculteurs tout en mettant en place des programmes de formation permettant  d’améliorer la productivité de nos paysans.

En lieu et place de tout cela,
nous avons plutôt assisté au spectacle d'une économie de cueillette avec un gouvernement qui n'investit  vraiment ni dans l'agriculture ni dans l'industrie. Il n'a  jusqu'ici rien fait pour relancer les activités de production. Il se  contente des recettes fiscales et parafiscales(surtout douanières) et à brader les ressources du pays au nom de quelques activités cosmétiques

Maintenant, quelle réponse donner à ceux qui croient que les quelques travaux que font nos amis chinois sont les prouesses de ce gouvernement. "Vaut mieux peu que rien", disent beaucoup de compatriotes. Personnellement, je commençais aussi à être d'accord avec eux jusqu'au moment où  je me suis réveillé de mon cauchemar. Ces travaux ne constituent en fait qu'une goutte d'eau dans l’océan. Cela ne parait extraordinaire qu'à ceux qui ont perdu la mesure de leurs ambitions et tombent dans le piège de la distraction. Rappelons tout d'abord qu'ils sont faits par des chinois avec des fonds qu'ils prêtent au gouvernement. (Il est de coutume en Sciences économiques d'enlever l'influences particulière de  certains faits ou de certaines saisons en vue de déterminer une tendance réelle. C'est ainsi que l'on parle parfois de désaisonnaliser ou de déflater...).  Dans le cas d’espèce, une fois mis de coté la  dette que nous sommes entrain de contracter,  demandons-nous maintenant quelles sont les recettes que l'Etat arrive à réaliser et comment il est entrain de les affecter. Il est important de répondre à cette question parce qu'il se peut que nos propres recettes soient entrain d’être utilisées ailleurs pendant que nous hypothéquons nos ressources naturelles au nom d'une dette asservissante. En outre, si les investissement des chinois étaient faits avec bonne foi, ils devraient peut-être consister à relancer les activités  de production parce qu'une fois la machine remise en marche, nous aurions nous-mêmes de quoi décorer les ronds-points avec des fontaines. Comme par hasard, ce sont les chinois qui ont dit "Apprends-moi à pêcher au lieu de  me donner du poisson" Là ils sont entrain de nous prêter du poisson. A cause de toutes ces irrationalités notre pays peut aujourd'hui être comparé à un individu qui s'endette pour construire une maison et s'acheter une voiture mais qui n'a aucune activité lucrative. Comment assurera t-il l'entretien de tout cela quand le prêteur aura fini de prêter. Une personne sage peut s’endetter pour former une entreprise qui assurera le service de la dette et lui permettra de s'enrichir.  Dès lors, on est en droit de se demander si notre gouvernement est entrain d'agir par ignorance ou par cynisme?

Le souci de cette brève analyse était plus de pousser à la réflexion plutôt que de donner des réponses toutes faites.
-Si tu as un semblant de paix autour de toi, sache que nos frères de l'Est sont toujours sujets à des tueries.( D’après la Voix de l’Amérique, la RDC est aujourd'hui la capitale mondiale du viol).

-Si tu as une maison, n'oublie pas que la majorité des congolais vivent toujours dans des huttes.

-Si tu as un  emploi, pense au nombre de chômeurs qui sont dans le pays.

-Si tu as une voiture, pense à tous  ceux qui traversent les villes et les villages entiers à pieds. Cela est notre responsabilité historique.

 


Sortons de cette léthargie et agissons.  Si nous étions sûrs d'avoir de vraies élections, ce serait l'occasion pour nous débarrasser de nos adversaires. Si nous n’étions pas sûrs, nous devrions procéder au boycott car, dit-on, "nous commettrons des erreurs mais pas les mêmes erreurs". En boycottant les élections, nous nous retrouverons  avec un gouvernement non élu et qui n'aura donc aucune légitimité aux yeux de la comédie internationale. Ainsi fragilisé, il pourra  tomber sous la pression du peuple. Même s'il ne tombe pas tout de suite, au moins cela nous évitera un ridicule inutile.

René MAMPUYA.

 

 

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