ELECTIONS EN RDC
Commençons d'abord par définir le standard
que tous les congolais voudraient de leurs dirigeants: -Nul
n'est contre l’idée pour la RDC d'avoir des dirigeants réellement élus
et non imposés de l’extérieur à la suite d'un hold up électoral. Ce
doit être des personnes qui ont intérêt à voir le pays fonctionner
suivant les règles de la démocratie et non d'une parodie de démocratie.
Les personnes chargées de conduire notre destinée, le Chef de l'Etat en
tête, doivent être capables de mettre en place des stratégies de
développement à long terme et à prendre des mesures permettant de
soulager rapidement la misère de la population. Est-ce que le dernier mandat a répondu à ces critères? 1. Par rapport à la démocratie. D’entrée
de jeu, disons que les dernières
élections étaient entachées de plein d’irrégularités. Déjà elles se
sont organisées sans qu'aucun recensement n'ait été fait au préalable,
donc en violation des accords de Sun City. En d'autres termes, nous
sommes allés aux urnes sans vraiment savoir si c’était l'Est ou l'Ouest
qui avait la plus grande proportion de la population ayant droit au
vote. Dès lors, il ne peut donc pas être étonnant que les institutions
issues d'une telle escroquerie n'aient rien fait pour promouvoir la
démocratie. Par
ailleurs,
ce gouvernement se targue d'avoir rétabli la paix à l'Est du pays. Nous
savons tous que la paix n'est pas totalement revenue. Il y a encore
plusieurs groupes armés à l’œuvre de ce coté-là, même s'il est
vrai que certaines zones ont retrouvé un semblant de paix. Mais là encore
si l’intensité de la guerre a diminué c'est justement parce que ceux
qui nous faisaient la guerre ont atteint l'objectif pour lequel ils
la faisaient. Ils ont maintenant le contrôle total de notre pays et ont
réussi à étouffer les possibles foyers de rébellion. Ne trouvez-vous
pas curieux comme notre gouvernement s'est précipité d'harmoniser les
relations avec le Rwanda sans prendre la peine de leur demander la
moindre explication sur le désastre dans lequel ils nous ont plongés.
Cela ne montre t-il pas clairement de quel coté nos dirigeants ont leurs
intérêts? 2. Par rapport à l’économie La RDC est aujourd'hui le plus pauvre de la planète. Prenons quelques chiffres qui le montrent: -Jusqu'en fin 2009, le PIB de la RDC était de 11.108 millions de $ tandis que le
Chiffre d'affaires de Shell était de 278.188 millions de $. En d'autres
termes, une seule compagnie (multinationale soit-elle), a produit 25 fois
plus que notre pays dans son ensemble.(Source: Liste FMI 2008 en annexe
& annual-review.shell.com/2009). -Toujours en
2008, notre PIB par habitant était de 185$, avant dernier de la liste de 180
pays du monde. Le premier de la liste était le Luxembourg avec un PIB
per capita de 113.044$. Ce même PIB était de 2952$ pour nos voisins du
Congo-Brazza et de 863$ pour nos frères tchadiens. En clair, le
congolais moyen est aujourd'hui 16 fois plus pauvre que son voisin de
l'autre rive du fleuve ou même 5 fois plus pauvre que le tchadien qui
vit dans son désert. Au
vu de tels chiffres, un gouvernement responsable ne peut pas adopter
une stratégie d’indifférence. Au contraire, il devrait faire deux
choses fondamentales: Maintenant,
quelle réponse donner à ceux qui croient que les quelques travaux que
font nos amis chinois sont les prouesses de ce gouvernement. "Vaut mieux
peu que rien", disent beaucoup de compatriotes. Personnellement, je
commençais aussi à être d'accord avec eux jusqu'au moment où je me suis
réveillé de mon cauchemar. Ces travaux ne constituent en fait qu'une
goutte d'eau dans l’océan. Cela ne parait extraordinaire qu'à ceux qui
ont perdu la mesure de leurs ambitions et tombent dans le piège de la
distraction. Rappelons tout d'abord qu'ils sont faits par des chinois
avec des fonds qu'ils prêtent au gouvernement. (Il est de coutume en
Sciences économiques d'enlever l'influences particulière de certains
faits ou de
certaines saisons en vue de déterminer une tendance réelle. C'est ainsi
que l'on parle parfois de désaisonnaliser ou de déflater...). Dans le
cas d’espèce, une fois mis de coté la dette que nous sommes entrain de
contracter, demandons-nous maintenant quelles sont les recettes que
l'Etat arrive à réaliser et comment il est entrain de les affecter. Il
est important de répondre à cette question parce qu'il se peut que nos
propres recettes soient entrain d’être utilisées ailleurs pendant que
nous hypothéquons nos ressources naturelles au nom d'une dette
asservissante. En outre, si les investissement des chinois étaient faits
avec bonne foi, ils devraient peut-être consister à relancer les
activités de production parce qu'une fois la machine remise en marche,
nous aurions nous-mêmes de quoi décorer les ronds-points avec des fontaines. Comme par
hasard, ce sont les chinois qui ont dit "Apprends-moi à pêcher au lieu
de me donner du poisson"
Là ils sont entrain de nous prêter du poisson. A cause de toutes ces
irrationalités notre pays peut aujourd'hui être comparé à un individu
qui s'endette pour construire une maison et s'acheter une voiture mais
qui n'a aucune activité lucrative. Comment assurera t-il l'entretien de
tout cela quand le prêteur aura fini de prêter. Une personne sage peut s’endetter pour former une entreprise qui assurera le service de la dette et lui permettra de s'enrichir. Dès lors, on est en
droit de se demander si notre gouvernement est entrain d'agir par ignorance ou par
cynisme? -Si tu as une maison, n'oublie pas que la majorité des congolais vivent toujours dans des huttes. -Si tu as un emploi, pense au nombre
de chômeurs qui sont dans le pays. -Si tu as
une voiture, pense à tous ceux qui traversent les villes et les
villages entiers à pieds. Cela est notre responsabilité historique.
Voici
5 ans que notre pays a connu ses dernières élections. Conformément à la
constitution, l'heure approche pour le peuple de retourner aux urnes en
vue d'élire les nouveaux dirigeants. Le moment est donc propice pour
faire le bilan du mandat qui s’achève et de réfléchir sur le profil de
celui sur qui doit reprendre le bâton de commandement.
Ce que nous avons vu pendant cet exercice, c’était un
gouvernement occupé à neutraliser l'opposition sous l’œil complice de
la soi-disant communauté internationale. Les faits sont multiples:
L'arrestation du Pasteur Kuthino et de Jean-Pierre Bemba, les massacres
de militants de Bundu-dia-Kongo, les assassinats des militants des
droits de l'homme (Chebeya, Armand Tungulu,...)
Les quelques faits ainsi étayés ne sont nouveaux pour
aucun
compatriote et c'est justement là le nœud du problème. Nous avons
décidé de fermer les yeux sur ce qui nous arrive et commençons même à
sympathiser avec la médiocrité. Il n'est pas rare de rencontrer des
compatriotes, surtout ceux qui ont de petites responsabilités au niveau
du pays, qui disent que la nationalité de nos dirigeants est
aujourd'hui une question qui ne se pose plus. Or, s'il est vrai que nos
dirigeants sont en fait des émissaires du Rwanda, nous devons tout faire
pour changer cet état de choses car nous ne pouvons rien attendre de
bon de ceux qui nous ont déjà prouvé jusqu’à que point ils nous
détestent. "Si quelqu'un te trahit une fois, c'est sa faute. S'il te
trahit deux fois, c'est ta faute", dit-on. Ceux qui nous gèrent
aujourd'hui savent que si nous nous prospérons, nous aurons la
possibilité de nous venger un jour. Ne serait-ce que pour cela, nous ne
devons en aucun cas compter sur eux pour nous aider à
prospérer. En même temps, ils savent que nous aimons du
superficiel et peuvent alors prendre un vilain plaisir à nous endormir avec quelques réalisations
trompe-l’œil. Mais comme nous allons le montrer ci-dessous les cinq
chantiers ne sont qu'un slogan sonnant creux.
-Nos dépenses budgétaires, y
compris celles financées par l'emprunt et la planche à billets, ne
s’élevaient en
2008 qu'à 1.781.415.163.097 Fc soit moins de 2 milliards de dollars
américains au taux moyen de cette année-là. (Voir le budget de la RDC
pour 2009 en annexe)
-Assainir les finances
publiques en optimisant les recettes et en assurant une bonne
affectation. Là où les recettes publiques sont bien allouées, on voit
l'Etat jouer ne fut-ce que les rôles traditionnels qui lui sont
reconnus(la paie régulière et consistante des agents de l'Etat et par
conséquent l’amélioration des services qu'ils ont en charge, y compris
la formation et l'entretien d'une armée réellement nationale). Ce que
nous avons vu jusqu'ici, c'est plutôt des individus qui s'enrichissent
sur le dos de l'Etat et un gouvernement qui ne fait rien pour vraiment
mettre fin à la recréation.
-Chercher à relancer la production
car la richesse ne vient que de la production. L'Etat devrait
primordialement se soucier de réactiver les entreprises de production
comme la Gecamines...C'est du devoir de l'Etat de s'assurer que nos
ressources naturelles, y compris le pétrole,
soient bien exploitées et que l'Etat se retrouve dans toutes sortes
de partenariats qu'il signe...En plus, L'Etat doit créer un
environnement favorisant les investissements privés tant nationaux
qu’étrangers. L'agriculture vivrière comme celle d'exportation doivent
aussi passer pour une activité prioritaire et c'est ici que ressort la
nécessité pour l'Etat d'investir dans les routes, y compris les routes
de desserte agricole. Ce serait aussi une bonne idée pour le
gouvernement d'octroyer des crédits à des éleveurs, à des agriculteurs
tout en mettant en place des programmes de formation permettant
d’améliorer la productivité de nos paysans.
En lieu et place de
tout cela, nous avons plutôt assisté au spectacle d'une économie de
cueillette avec un gouvernement qui n'investit vraiment ni dans
l'agriculture ni dans l'industrie. Il n'a jusqu'ici rien fait pour relancer les
activités de production. Il se contente des recettes
fiscales et parafiscales(surtout douanières) et à brader les ressources du pays au nom
de quelques activités cosmétiques
Le souci de cette brève analyse était plus de pousser à la réflexion plutôt que de donner des réponses toutes faites.
-Si
tu as un semblant de paix autour de toi, sache que nos frères de l'Est
sont toujours sujets à des tueries.( D’après la Voix de l’Amérique, la
RDC est aujourd'hui la capitale mondiale du viol).
Sortons
de cette léthargie et agissons. Si nous étions sûrs d'avoir de vraies
élections, ce serait l'occasion pour nous débarrasser de nos
adversaires. Si nous n’étions pas sûrs, nous devrions procéder au
boycott car, dit-on, "nous commettrons des erreurs mais pas les mêmes erreurs". En boycottant les élections, nous nous
retrouverons avec un gouvernement non élu et qui n'aura donc aucune
légitimité aux yeux de la comédie internationale. Ainsi fragilisé, il
pourra tomber sous la pression du peuple. Même s'il ne tombe pas tout
de suite, au moins cela nous évitera un ridicule inutile.
René MAMPUYA.